dimanche 31 août 2008

Dimanche 31 août, Gracious House Lodges [Denali Hwy]


Il me reste deux jours avant la dernière aventure : camping pour 3 jours au Wonderlake dans le parc Denali. Je pourrais faire un saut jusqu’à Fairbanks, mais tout le monde me dit qu’il n’y a pas grand chose à y voir. Même le Lonely Planet, qui d’ordinaire n’est pas trop exigent en matière d’unité architecturale, décrit la ville et son centre comme un dépotoir. Non, la seule raison d’aller à Fairbanks serait d’aller voir les aurores boréales qui commencent à être visibles à cette saison. Mais faire quelques centaine de miles de voiture pour voir un événement improbable dans une ville que tout le monde s’accorde à décrire comme inintéressante ne me dit rien qui vaille. Ici, au milieu de la Denali Hwy, le paysage est en cinémascope, la météo n’est pas trop mauvaise même si la belle lumière d’hier a disparue, et il y a plein de sentiers avec une densité modérée d’ours au mètre carré. Je décide donc de rester dans les parages. Je passe la matinée au bord d’un petit lac de montagne ou de nombreux alaskiens se rendent, pétaradant en scooter 4x4, l'étui à carabine à l'arrière de l'engin pour aller à la chasse (moose) et/ou la pêche qui sont réputées excellentee ici.

Au bord du lac, je termine le livre de Lee Smolin sur la théorie des cordes où il conclu sur son interprétation sociologique de l’incapacité de la communauté des physiciens actuels à sélectionner les véritables visionnaires qui sauront sortir la physique de l'ornière Maintes remarques de Smolin sur la nécessité pour les jeunes physiciens de publier des articles dans des domaines qui ne les intéressent même, dans le seul objectif de se faire repérer par les mandarins en place, me rappellent ma propre expériences ainsi que l’atmosphère de cour servile qui régnait parfois à Princeton autour des leader comme d’Eliot Lieb et Ed Witten à l’IAS. Il fustige l'excès d'importance attribuée à la virtuosité technique au détriment de la capacité à réfléchir, sur le long terme, aux vraies questions de fonds, sur la cohérence d’une théorie ou sur les fondements de la physique à savoir la nature même du temps de l’espace et de la matière. Smolin disserte longtemps sur la distinction entre les artisans et les visionnaires. Le propos est intéressant mais mériterait selon moi une pensée un peu mieux organisée et moins de bavardage décousu. J'espère que sa physique est plus rigoureuse que sa prose.

2 commentaires:

Unknown a dit…
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Anonyme a dit…

Sur cette photo, tu parles de revenir en Alaska. Au-delà du fait que tu n'as pas pu tout voir - on ne peut jamais tout voir où qu'on aille -, quelles raisons te pousseraient à revenir ici ? Et là, j'abuse carrément (pourquoi se gêner, après tout) : pourras-tu, si en a le temps et l'envie, consacrer ton dernier article à faire un bilan de cette extraordinaire virée ?
Bien à toi,