vendredi 5 septembre 2008

Vendredi 5 septembre 2008, Denali NP – Anchorage

Mon expédition arrive bientôt à son terme, la saison touristique également, pour preuve la difficulté que j’ai eu ce matin à dénicher un resto qui serve un honnête breakfast et qui ne soit ni un Subway ni un resto ultra-chicos pour milliardaires. Suivant les conseils avisés du LP, je déniche finalement le bon petit coin, plus au sud sur la Georges Park Hwy.

Quatre heures de route tranquille jusqu’à Anchorage. Je repasse non loin de Talkeetna ou j’ai fait escale il y a deux semaines pour ma petite escapade en avion autour du Mt McKinley.

A la radio, ce matin j’ai le choix entre deux programmes. Le premier, religieux, se propose de dresser une liste des activités qui m’empêcheront d’être accepté au paradis (in God’s Heaven) : être communiste, ne pas accepter la constitution américaine, être homosexuel ou être favorable à l’avortement : That’s all evil. Voilà qui a le mérite de la simplicité !

Le second programme est un talk show entièrement consacré à la vedette du jour, j’ai nommé : le très télégénique gouverneur d'Alaska Sarah Palin, nouvelle coqueluche des ultraconservateurs. N’empêche, je suis inquiet, Obama semble véritablement en difficulté et ses partisants ont, semble-t-il, commis des erreurs grossières en attaquant Palin sur sa vie privée. La grande question est donc de savoir si Hilary va finalement monter au créneau pour défendre Obama contre Palin. Où alors y aurait-il une solidarité féministe secrète et indicible au-delà des clivages politiques ? Palin est décrite comme une véritable héroïne, business woman à succès, mère de 4 enfants et faisant l'apologie de la liberté à l’alaskienne : moins de gouvernement, moins d’impôts, plus de forages dans les zones actuellement protégées pour assurer l’indépendance des gentils américains contre les méchants saoudiens. Chaque appel téléphonique durant le talkshow est bien entendu filtré, pas un seul intervenant n’ose contredire l’animateur, sinon pour exprimer des doutes quant au caractère authentiquement conservateur de McCain. Il est vrai après tout, que celui-ci envisageait il y a quelque temps de prendre un colistier modéré (comprendre pro-choice sur la question de l'avortement) ceci pour paraitre plus consensuel. Obama et les démocrates sont décrits comme des citadins nantis et arrogants calfeutré dans leur grandes villes et qui ne connaissent pas la vraie Amérique profonde. Celle des femmes qui comme Palin élèvent leurs gamins et connaisse le prix de l’essence ! Les californiens, les new-yorkais et la clique de Washington sont décrits comme des pourris et des corrompus. Des mauviettes qui cherchent à imiter des solutions européennes comme la redistribution des richesses, la mise ne place couverture maladie universelle etc... L’animateur quant à lui remercie tous les gens riches qu’il a côtoyé durant sa vie, car dit-il, c’est toujours eux qui m’on donné du boulot. Logique imparable... A demi-mot on reconnait quand même qu’Obama est un meilleur orateur que McCain, mais on insiste pour dire que c’est pas ça qui fait un bon président des Etats-Unis. Donc pour résumer McCain et Palin, eux connaissent la vraie vie, celle de l’essence chère, alors que Obama, est un personnage arrogant n’ayant fait que de l’ « animation de communauté » à Chicago ou de toute manière il y a plus de morts du à la criminalité que de morts de soldats en Irak. Etc, etc, etc... L’écrire m’a permit de me vider la tête !

L’autre grande nouvelle, aujourd’hui ici en Alaksa, c’est le montant record de plus de $2000 du Permanent Fund Dividend que chaque alaskien (adulte, enfant ou bébé) touchera le mois prochain en guise de royalties sur le pétrole extrait de Prudoe Bay. Le pétrole cher ne fait pas que des malheureux.

Dernière nuit de camping à Anchorage au milieu des freeways, des hangars et des lignes de chemin de fer et très loin de l’idylle sauvage de Denali. En fin d'après midi, je me mets en quête de dénicher un iPhone 3G, mais ni le revendeur Apple local ni AT&T ne vende le précieux bijou technologique sans abonnement. Alors si quelqu’un à un tuyau...

Dîner dans un steak house réputé et, je dois bien l’avouer à la hauteur de sa réputation : excellent NY steak dont je prends la version « small ». J’ose à peine imagine ce que ça donne en version « large ».

Je m’insinue dans un club de blues où 4 énergumènes, mi-bûcherons mi-grizzlis, débitent un blues-rock à côté duquel la musique de Poppa Chubby ressemble à la petite musique de nuit de Mozart… Le morceau le moins inaudible reste le premier qui est une version électrifiée de l'hymne américain, joué sous les applaudissement d'un public de tous ages. Imagine-t-on un groupe de rock parisien jouer, avec conviction et sans aucune dérision la Marseillaise en intro d'un concert ? Je me surprend à tenir quand même un bon quart d’heure.

A demain pour le dernier post.

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