samedi 6 septembre 2008

Epilogue

  • Un lien vers l'album Alaska en 5 minutes, une sélection de 50 photos, aussi disponible dans le menu de droite.
Il y a une forme particulière de blues, c'est celle du voyageur parvenu au terme de son périple, surtout si celui-ci était riche en émotions et en découvertes. C'est un peu mon état d'esprit au moment de revenir dans le monde ultra-civilisé (trop ?) parisien. En effet, même si j’envisage de revenir un jour en Alaska, par exemple pour faire deux semaines de rando à Denali ou pour visiter les forêts pluviales et les glaciers gigantesques du sud-est, c’est bien la dernière fois que je verrai l’Alaska pour la première fois ! En même temps, je me réjouis aussi de revenir à Paris. Toutes ces immensités qu’elles soient majestueuses où désolées créent, à la longue, une sorte de lassitude difficile à expliquer. Certains parlent ici de glacier fatigue en ce qui me concerne ce serait plutôt toundra fatigue. Envie aussi de petits villages croquignolets en Sologne et en Normandie que l’on peut visiter à pied. Envie de théâtre et de jolies terrasses ensoleillées dans le beaux quartiers de Paname.

Mais restons encore quelques instants en Alaska. Pourquoi venir ici d’abord ? Comme pour bien des voyages, celui-ci commença par un vague fantasme. Une envie de grand large tout simplement. De voir le monde sous un angle insolite. Une envie aussi de faire un remake de mon expédition dans l’Ouest Américain de 1993, l’un de mes voyages les plus réussis. L’ivresse des espaces sauvages dépasse toutes mes attentes même si, en grande partie, l’image inconsciente que je formais de l’Alaska était fausse. Ce n’est pas un pays uniquement minéral, gelé et aride, en tout cas pas les parties que j’ai eu la chance de voir. La toundra d’Alaska durant la période magique de l’été indien est peut-être le paysage le plus multicolore qu’il soit possible de voir sur cette planète. A plus d’une reprise je dois avouer que j’ai eu la gorge nouée devant le spectacle simple et intimidant de cette nature intacte. Sur la Nabesna Road ou au Wonderlake, face au Mt McKinley teinté, l'espace de quelques minutes, d'un rose-mauve presqu'iréel. Beau à pleurer prends alors un sens très concret. Une question qui m’a souvent traversé l’esprit est « comment se fait-il que nous percevions cette nature intacte comme belle ? ». S’agirait-il peut-être d’une sorte de nostalgie collective des temps immémoriaux, il y a 10 millénaires, où nos ancêtres arpentaient un monde similaire ? Une nostalgie du monde d’avant la civilisation ? L’idée me semble un peu trop romantique pour être scientifique, mais je l’aime bien.

Ce qui est émouvant je crois, c’est qu’ici en Alaska existe un authentique sanctuaire de nature inviolée à nul autre pareil, en diversité (faune, flore) et en taille. La superficie des espaces rigoureusement protégés est colossale et avoisine les 30% de superficie de l’état. Etrange pays que les USA, qui tout en étant le plus grand pollueur de la planète décide, dans un seul de ses états, de déclarer parc national une superficie qui dépasse largement en superficie celle des zones protégées de tous les pays européens réunis.

Au-delà des paysages, il faudrait dire quelques mots sur les hommes et sur l’histoire. L’histoire de l’Alaska me fascine à plus d'un titre. D'une part elle relève de l’exploration récente des dernières pages blanches de l’atlas et rien ne me fait plus rêver que ça. Ce matin au musée d’art et d’histoire d’Anchorage, je suis longtemps resté scotché devant la carte du monde qu’à utilisé Béring pour explorer ces confins où on ne sait plus très bien où est l'est ou l'ouest (de l'Europe). A la place de l’Alaska, il y avait... rien ! Mais avant Béring il y avait les Athabascans et les Aléoutes venus des confins de la Sibérie orientale lorsqu’un isthme reliait encore l’Asie et l’Amérique il y a 12'000 ans. Depuis l’arrivée des trappeurs russes dans l’île de Kodiak au milieu du 19ème siècle, l’histoire de l’Alaska est étroitement liée à une succession de booms économiques et de périodes de récessions. Au premier boom des fourrures succéda l'épisode romantique des ruées vers l’or en 1898 et en 1908. Puis en 1968 un peu moins romantique la découverte de gisements géants de pétrole à Prudoe Bay. Puis... le tourisme ? A voir. D'autre part cette histoire, géographiquement centrée sur le Détroit de Béring, sort complètement du schéma méditerranéen qui façonne inconsciemment notre vision du monde (en tout cas la mienne !) et je trouve que ça aère l'esprit.

Aujourd’hui en Alaska, la grande question c'est celle de l'énergie. Ces enjeux sont ici, plus qu’ailleurs encore, au cœur du débat politique et de l'économie. D'une part cette énergie on l’extrait à grand renfort de milliards de dollars des gisements pétroliers arctiques et d'autre part on la consomme en grande quantité pour alimenter les avions (un habitant sur 68 possède son propre avion) les pickup trucs avec leur vorace V8 de 6 litres, les moto-neiges et autres engins plus farfelus qu'utilisent les chasseurs (mini-hydroglisseurs, quads,...). L’idée d’économies d’énergie semble avoir encore du chemin à faire dans ces contrées septentrionales. Mais comment faire alors pour franchir ces énormes distances ? Revenir aux attelages de chiens de traineaux comme pour la course Iditarod ? Pas très réaliste ! Construire un réseau routier ou ferroviaire reliant chaque petite communauté ? C’est sans doute possible pour un prix colossal mais surtout, apparait terriblement contradictoire avec la tradition et la mentalité individualiste qui règnent ici.

Il faudrait aussi parler des gens qui habitent ici, mais c’est difficile après seulement 4 semaines passées quasiment en coup de vent. Disons que des mots comme : fierté, autonomie, courage face à l’adversité et la solitude sont ceux qui me viennent le plus facilement à l’esprit. Pas de place ici pour les plaintifs et les demandeurs de subventions gouvernementales ! L’homme ou la femme exemplaire correspondent ici à l’archétype même de la réussite à l’américaine : le chercheur d’or qui s’enrichi à force de persévérance, le constructeur du Trans Alaska Pipeline qui travaille entre 70 et 84 heures par semaine et qui est payé 5 fois au-dessus du salaire moyen pour construire en quelque mois un oléoduc qui achemine du pétrole chaud (sic) à travers 800 miles de taïga gelée. Ici, on aime les héros et on ne fait pas dans la demi-mesure comme l'exprime bien la devise locale : « work hard ! play hard ! drink hard ! »

La fierté est ce qui m’a le plus marqué de la part des gens , tous modestes, avec qui j'ai eu l'occasion de discuter. Fierté de la mamy de l’expresso shop sur Richardson Hwy quand elle apprend que le gouverneur Sahra Palin va peut-être « monter » à Washington. Fierté du gars qui régule la circulation et qui me demande en désignant l’Alaska Range un matin de ciel transparent : « isn’ that wonderful ? » Fierté de la pimpante ranger Casey lorsqu’elle évoque la manière de vivre des « sourdough » (ceux qui ont survécus ici plusieurs hivers) dans l’out back alaskien, non loin de Denali NP. En Alaska, on est fier et on redoute bien davantage ce qui pourrait entraver la liberté (de forer le sous-sol, de chasser, de se déplacer, de traverser la toundra en 4x4, de faire du business) plutôt que l’absence de protection sociale. Il serait assez aisé et aussi assez peu original de stigmatiser les évidentes déviances de cette mentalité, aux antipodes de la tradition exagonale. Raison pour laquelle je considère plus constructif de reconnaître qu’un zeste de cette fierté et de cet esprit d’autonomie seraient assurément profitable à notre vieux continent et à ses esprits en permanence angoissés à l'idée d’être insuffisamment protégé par l’état-providence.

Pas de place non plus pour une culture très rafinée, hormis quelques galeries d’art à Homer ou quelques concerts de blues et de country à Anchorage. La culture ici c’est la chasse, les compétitions de pêche au saumon. Les loisirs c'est le camping-car avec lequel, pendant les 3 mois d’été, on emmène toute la famille dans des endroits tellement grandioses qu’il ferait pâlir d’envie n’importe quel randonneur des Alpes ou des Pyrénées.

Bon et alors il n’y a rien de négatif à dire ? Sans doute si, mais j’ai pas envie d’insister sur ces aspects car je trouverait un tantinet ridicule et inconvenant de prendre une posture de juge après avoir jouer les globe trotter pendant 4 semaines. Ce que je peux dire, à titre personnel, c'est j’aurai certainement du mal à me faire à une mentalité provinciale, ultra conservatrice et même anti-urbaine assez répendue ici (écouter p.ex l'un des podcasts du Dan Fagan show sur KFQD 750). Je comprends qu’on soit légitimement fier d’être les héritiers des pionniers et que l’on veuille coûte que coûte préserver un art de vivre fait d’indépendance farouche dans les grands espaces. Mais, à la longue, une forme d’in-curiosité au sujet du monde extérieur, même des « lower 48 », me pèserait et m’agacerait. L’inculture va dans certain cas jusqu’à nier des réalités scientifiques comme le réchauffement climatique d’origine humaine ou l’existence de la théorie de l’évolution (cf. les Palin et les créationnistes). Il règne ici une mentalité un peu insulaire, avec son mélange d’attitude complexée et agressive vis-à-vis des centre urbains comme New York ou LA où, du moins selon les conservateurs purs et durs, vivent un mélange de présomptueux gauchistes et de mauviettes ayant perdues tout sens des vieilles et saines valeurs américaines traditionnelles.

Cela dit, le nickname de l’Alaska « The Last Frontier » n’est pas usurpé. L’esprit des pionniers y est encore vivace. En 2008, pour le meilleur et pour le pire, il flotte encore ici un authentique parfum de l’ancienne conquête de l’Ouest. Alors allez-y sans hésiter, le souffle des grands espaces vous aérera l'esprit comme dans aucun autre contrée.

And remember :



-- THE END --

vendredi 5 septembre 2008

Vendredi 5 septembre 2008, Denali NP – Anchorage

Mon expédition arrive bientôt à son terme, la saison touristique également, pour preuve la difficulté que j’ai eu ce matin à dénicher un resto qui serve un honnête breakfast et qui ne soit ni un Subway ni un resto ultra-chicos pour milliardaires. Suivant les conseils avisés du LP, je déniche finalement le bon petit coin, plus au sud sur la Georges Park Hwy.

Quatre heures de route tranquille jusqu’à Anchorage. Je repasse non loin de Talkeetna ou j’ai fait escale il y a deux semaines pour ma petite escapade en avion autour du Mt McKinley.

A la radio, ce matin j’ai le choix entre deux programmes. Le premier, religieux, se propose de dresser une liste des activités qui m’empêcheront d’être accepté au paradis (in God’s Heaven) : être communiste, ne pas accepter la constitution américaine, être homosexuel ou être favorable à l’avortement : That’s all evil. Voilà qui a le mérite de la simplicité !

Le second programme est un talk show entièrement consacré à la vedette du jour, j’ai nommé : le très télégénique gouverneur d'Alaska Sarah Palin, nouvelle coqueluche des ultraconservateurs. N’empêche, je suis inquiet, Obama semble véritablement en difficulté et ses partisants ont, semble-t-il, commis des erreurs grossières en attaquant Palin sur sa vie privée. La grande question est donc de savoir si Hilary va finalement monter au créneau pour défendre Obama contre Palin. Où alors y aurait-il une solidarité féministe secrète et indicible au-delà des clivages politiques ? Palin est décrite comme une véritable héroïne, business woman à succès, mère de 4 enfants et faisant l'apologie de la liberté à l’alaskienne : moins de gouvernement, moins d’impôts, plus de forages dans les zones actuellement protégées pour assurer l’indépendance des gentils américains contre les méchants saoudiens. Chaque appel téléphonique durant le talkshow est bien entendu filtré, pas un seul intervenant n’ose contredire l’animateur, sinon pour exprimer des doutes quant au caractère authentiquement conservateur de McCain. Il est vrai après tout, que celui-ci envisageait il y a quelque temps de prendre un colistier modéré (comprendre pro-choice sur la question de l'avortement) ceci pour paraitre plus consensuel. Obama et les démocrates sont décrits comme des citadins nantis et arrogants calfeutré dans leur grandes villes et qui ne connaissent pas la vraie Amérique profonde. Celle des femmes qui comme Palin élèvent leurs gamins et connaisse le prix de l’essence ! Les californiens, les new-yorkais et la clique de Washington sont décrits comme des pourris et des corrompus. Des mauviettes qui cherchent à imiter des solutions européennes comme la redistribution des richesses, la mise ne place couverture maladie universelle etc... L’animateur quant à lui remercie tous les gens riches qu’il a côtoyé durant sa vie, car dit-il, c’est toujours eux qui m’on donné du boulot. Logique imparable... A demi-mot on reconnait quand même qu’Obama est un meilleur orateur que McCain, mais on insiste pour dire que c’est pas ça qui fait un bon président des Etats-Unis. Donc pour résumer McCain et Palin, eux connaissent la vraie vie, celle de l’essence chère, alors que Obama, est un personnage arrogant n’ayant fait que de l’ « animation de communauté » à Chicago ou de toute manière il y a plus de morts du à la criminalité que de morts de soldats en Irak. Etc, etc, etc... L’écrire m’a permit de me vider la tête !

L’autre grande nouvelle, aujourd’hui ici en Alaksa, c’est le montant record de plus de $2000 du Permanent Fund Dividend que chaque alaskien (adulte, enfant ou bébé) touchera le mois prochain en guise de royalties sur le pétrole extrait de Prudoe Bay. Le pétrole cher ne fait pas que des malheureux.

Dernière nuit de camping à Anchorage au milieu des freeways, des hangars et des lignes de chemin de fer et très loin de l’idylle sauvage de Denali. En fin d'après midi, je me mets en quête de dénicher un iPhone 3G, mais ni le revendeur Apple local ni AT&T ne vende le précieux bijou technologique sans abonnement. Alors si quelqu’un à un tuyau...

Dîner dans un steak house réputé et, je dois bien l’avouer à la hauteur de sa réputation : excellent NY steak dont je prends la version « small ». J’ose à peine imagine ce que ça donne en version « large ».

Je m’insinue dans un club de blues où 4 énergumènes, mi-bûcherons mi-grizzlis, débitent un blues-rock à côté duquel la musique de Poppa Chubby ressemble à la petite musique de nuit de Mozart… Le morceau le moins inaudible reste le premier qui est une version électrifiée de l'hymne américain, joué sous les applaudissement d'un public de tous ages. Imagine-t-on un groupe de rock parisien jouer, avec conviction et sans aucune dérision la Marseillaise en intro d'un concert ? Je me surprend à tenir quand même un bon quart d’heure.

A demain pour le dernier post.

jeudi 4 septembre 2008

Jeudi 4 septembre, retour de Wonderlake [Denali NP]

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Mercredi 3 septembre, Wonderlake [Denali NP]

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La carte détaillée de Wonderlake. L'incrustation ne fonctionne pas (bug Google Maps !)

Mardi 2 septembre, vers Wonderlake Campground [Denali NP]

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lundi 1 septembre 2008

Lundi 1er septembre, Gracious House Lodge [Denali Hwy] – Denali National Park


Scrambled eggs, wheat toasts, hash browns, sausage, coffee and orange juice” voilà de quoi commencer la journée. Dans quelques jours je crois que j’aurai bien du mal à me remettre au café-croissant ou aux céréales !

Étant à cours de superlatifs, j’ai du mal à décrire les 60 derniers miles de la Denali Hwy. Vues sur l’Alaska Range par dessus une toundra multicolore parsemées de lacs et de rivières, que dire de plus ? Au détour d’un virage, telle une apparition fantasmatique, le Big One (nickname pour le Mt Mckinley) surgit par dessus la taïga.

Dernières emplettes avant l’expédition en autonomie totale ces 3 prochains jours (eau, café, snickers et clochettes pour effrayer les grizzlis, enfin j’espère...) dans le Denali National Park. Passage au Visitor Center pour récupérer toute l’info sur l’état des campings, sur les shuttles bus et la visibilité de la faune. Accueil jovial et très « boy scout ». Balade dans la taïga colorée toute l’après-midi.

Ces prochains jours pas d’infos, car pas de WiFi, pas de PC. Rien que the Great Wilderness. Rdv vendredi ou samedi à Anchorage pour quelques réflexion de conclusion de ce petit périple dans le Grand Nord de l'Amérique.



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dimanche 31 août 2008

Dimanche 31 août, Gracious House Lodges [Denali Hwy]


Il me reste deux jours avant la dernière aventure : camping pour 3 jours au Wonderlake dans le parc Denali. Je pourrais faire un saut jusqu’à Fairbanks, mais tout le monde me dit qu’il n’y a pas grand chose à y voir. Même le Lonely Planet, qui d’ordinaire n’est pas trop exigent en matière d’unité architecturale, décrit la ville et son centre comme un dépotoir. Non, la seule raison d’aller à Fairbanks serait d’aller voir les aurores boréales qui commencent à être visibles à cette saison. Mais faire quelques centaine de miles de voiture pour voir un événement improbable dans une ville que tout le monde s’accorde à décrire comme inintéressante ne me dit rien qui vaille. Ici, au milieu de la Denali Hwy, le paysage est en cinémascope, la météo n’est pas trop mauvaise même si la belle lumière d’hier a disparue, et il y a plein de sentiers avec une densité modérée d’ours au mètre carré. Je décide donc de rester dans les parages. Je passe la matinée au bord d’un petit lac de montagne ou de nombreux alaskiens se rendent, pétaradant en scooter 4x4, l'étui à carabine à l'arrière de l'engin pour aller à la chasse (moose) et/ou la pêche qui sont réputées excellentee ici.

Au bord du lac, je termine le livre de Lee Smolin sur la théorie des cordes où il conclu sur son interprétation sociologique de l’incapacité de la communauté des physiciens actuels à sélectionner les véritables visionnaires qui sauront sortir la physique de l'ornière Maintes remarques de Smolin sur la nécessité pour les jeunes physiciens de publier des articles dans des domaines qui ne les intéressent même, dans le seul objectif de se faire repérer par les mandarins en place, me rappellent ma propre expériences ainsi que l’atmosphère de cour servile qui régnait parfois à Princeton autour des leader comme d’Eliot Lieb et Ed Witten à l’IAS. Il fustige l'excès d'importance attribuée à la virtuosité technique au détriment de la capacité à réfléchir, sur le long terme, aux vraies questions de fonds, sur la cohérence d’une théorie ou sur les fondements de la physique à savoir la nature même du temps de l’espace et de la matière. Smolin disserte longtemps sur la distinction entre les artisans et les visionnaires. Le propos est intéressant mais mériterait selon moi une pensée un peu mieux organisée et moins de bavardage décousu. J'espère que sa physique est plus rigoureuse que sa prose.

samedi 30 août 2008

Samedi 30 août, Paxson – Gracious House Lodge [Denali Hwy]

  • 2 posts aujourd'hui. vendredi 29 : Tok - Paxson et samedi 30 : Paxson - Gracious House Lodge [Denali Hwy]

Ciel limpide et tente givrée ce matin, le sac de couchage arrive à ses limites, le moindre filet d’air qui rentre et on gèle, mais en fermant toutes les coutures ça reste confortable.

Avant d’atteindre l’auberge de Paxson pour le petit déjeuner je dois patienter à l’entrée sur la Richardson Hwy, toujours pour les mêmes travaux. Le chauffeur d’une camionnette de chantier s’arrête pour bavarder. Il vit en Alaska et est d’origine néo-zélandaise. Jovial, il me charrie avec l’histoire du Rainbow Warrior lorsque je lui dis que je suis français...

Après avoir pris le petit déjeuner et fait le plein, je me lance à l’assaut de la Denali Hwy qui coupe d’est en ouest le centre de l’Alaska à travers l’Alaska Range. En fait il s’agit d’un piste qui était l’ancien accès au parc national Denali avant que ne soit construite la Georges Parks Hwy, moderne et asphaltée qui relie Anchorage à Fairbanks. La route est un émerveillement permanent, les vues sur les 3 chaînes de montagnes du centre de l’Alaska se succèdent et c’est un supplice pour le photographe qui cherche le meilleur point de vue. La route est située pour l’essentiel en dessus de la limite des arbres et offres des vues très dégagées sur les plaines, les rivières et les montagnes. Ces paysages correspondent en fait exactement à ce que je souhaitais voir, mais je ne m’était pas imaginé que l’Alaska soit aussi chatoyant en couleurs. L’après-midi il fait chaud, bien au dessus de 20°C et ça fait du bien, sauf qu’il y a aussi des moustiques. Le contraste avec le matin est saisissant, il y a sans doute 25°C d’amplitude thermique. Je roule très lentement, autant pour ménager ma monture que pour tenter d’absorber au maximum cet enchantement d’espace et de couleurs. Halte à la Gracious House Lodge pour monter la tente. L’endroit mérite bien son nom et correspond à l’image qu’on se fait d’un auberge au fin fond de l’Alaska. Je passe le reste de l’après-midi à lire Lee Smolin sur les hauteurs de la rivière Susitna (environ 4 fois aussi large que la Seine) d’ou le panorama invite à la méditation. J’ai d’ailleurs du mal à me concentrer sur la lecture tant le paysage est prenant, le silence est lui aussi énorme, entrecoupé seulement du feulement des gros 4x4 des excités de la gâchette qui viennent passer ici leur week-end.




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Vendredi 29 août, Tok – Paxson


Après la Dempster j’étais un peu blasé, me disant qu’une fois qu’on a vu le Yukon on a tout vu. Erreur ! L’Alaksa et plus précisément la Richardson Hwy au sud de Fairbanks à de la ressource et peu faire la compétition à la Dempster, mais à vous de juger...

Mais commençons par le début. Excellent petit déjeuner à Fast Eddy’s à Tok avec une reindeer sauge, ça faisait longtemps ! Retour sur le Tok Cutoff où le temps d’éclaircit peu à peu en allant vers l’ouest puis après sur Richardson en direction du nord après Glennalen. Programme de radio exceptionnel ce matin sur NPR (National Public Raio), un physicien théoricien explique du Fermi Lab, très clairement et correctement les enjeux du LHC qui sera mis en route bientôt à Genève au CERN. Les américains reconnaissent que dorénavant la physique des particules, en tout cas pour son volet expérimental a un centre de gravité européen. Le mec explique la découverte probable du boson de Higgs et, croit-il savoir celle de la supersymétrie. Son rêve serait la mise en évidence d’une dimension d’espace supplémentaire. Tout est expliqué fort lucidement et est un exemple de pédagogie grand publique, je suis impressionné.

Les paysages inouïs de l’Alaska, un cours sur la supersymétrie et un peu de musique country style bluegrass, tout pour être euphorique ce matin !

L’autre grande nouvelle ce matin à la radio c’est la nomination de la vice présiente du candidat républicain John McCain. C’est une gouverneur (je ne pense pas qu’on dise gouverneuse ?) de l’Alaska. Sur le bord de la route, une cabane « expresso » joliment décorée avec des fleurs, m’invite à faire une pause. La dame visiblement d’excellente humeur me demande si je suis au courant de la grande nouvelle. Bien sûr, je viens de l’apprendre à la radio ! Visiblement la fierté se lit sur son visage. Dans la confidence elle m’assure que « she is a very smart women ». D’ailleurs toute la journée je n’entendrais que des éloges de cette dame gouverneur de l’Alaska qui un jour siègera à Washington. Dans son enthousiasme et sa fierté primesautière, l’idée qu’on puisse ne pas vouloir voter républicain ne l’effleure même pas !

Plus loin, vers Paxson, le paysage du centre de l’Alaska (Alaska Range et Mt Haynes) se dévoile peu à peu. C’est un paysage alpin superlatif avec des myriades de lacs aux eaux turquoises bordés d’un bush rouge brun. Bon regardez les photos ça sera plus simple ! La météo est très coopérative aujourd’hui et plutôt que de m’arrêter au Paxson Lake comme prévu vers midi, je passe l’après midi sur la Richardson Hwy à faire des photos. Même le Trans Alaska Pipeline possède ici une certaine élégance. J’apprends qu’il est construit en zig-zag pour permettre au différents segments de l’oléoduc de se dilater latéralement et que pour éviter que le pétrole ne gèle, des pompes à chaleur sont installées régulièrement le long des tuyaux.

De nombreux tronçons de la Richardson Hwy, sont en réfection et de ce fait le flux des véhicules est considérablement ralenti. Comme l’explique nombre de panneaux sur les aires de repos, la construction d’une route sur du permafrost est extrêmement délicate et son entretien 10 fois plus coûteux que pour une route normale.

Par cette journée exceptionnellement lumineuse pour le pays, tout le monde semble prendre la chose avec bonne humeur, les touristes en profitent pour descendre de voiture et faire quelques photos alors que les agents chargés de la signalisation ont le sourire et sont visiblement content de pouvoir faire un brin de causette avec les automobilistes de passages. Faut dire qu’ici les jours de pluie il ne doit pas y avoir grand monde.

Camping aux abords du lac Paxson.




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jeudi 28 août 2008

Jeudi 28 août, Dawson [Yukon] – Tok [Alaska]

  • J'ai rajouté un module d'archive de blog sur la droite au-dessus du mini-diaporama.

S’il est une denrée encore plus rare que l’or en ces contrées, c’est une parcelle de ciel bleu. Aujourd’hui pour la première fois de puis longtemps la météo a été clémente, ciel totalement dégagé ce matin sur Dawson. Je me demande à quoi ressemble la Dempster Hwy sous une lumière souriante. Pas sûr que ça soit plus photogénique que les jeux de clair-obscur que j’ai vu durant les deux derniers jours de périple. Ces 800 km de piste boueuse m’ont lessivé, aujourd’hui journée pépère de retour vers Tok en Alaksa, en passant par la Top of The World Hwy que je vois cette fois ci puisqu’il n’y a pas de brouillard. Paysage de collines à perte de vue avec toujours les mêmes patchworks de couleurs automnales qui, de jour en jour, virent vers le jaune pâle. Camping au bord de la rivière Tok près de …Tok !

Lecture du livre de Lee Smolin sur la Loop Quantum Gravity au bord de la rivère qui glougloute agréablement. Selon l’auteur la LQG résout nombre de problèmes fondamentaux qui ont échappés jusqu’ici à la théorie des super cordes. L'argument le plus convaincant est qu'elle prend vraiment au sérieux le message de la relativité générale qui consiste à postuler un espace-temps dynamique. Si le principe anthropique appliqué au paysage de théories des cordes ne me choque pas et même me semble plutôt dans l'ordre des choses, contrairement à ce que pense Smolin, la capacité prédictive de la LQG est effectivement très séduisante. En plus, les mathématiques semblent plus accessibles à un physicien théoricien « normal » que celles de la théorie des cordes. Peut-être que je vais m’y mettre après la théorie des champs conformes.

Bon, le dernier paragraphe est peut-être un peu off-topic, mais c'est ce qui a occupé une bonnes partie de mes pensées aujourd'hui'hui...




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mercredi 27 août 2008

Mercredi 27 août, Eagle Plains – Cercle Polaire – Dawson


Le sac de couchage passe le test des -2°C sans problèmes.

Faire l’intégralité de la Dempster jusqu’à Inuvick serait déraisonnable mais je ne vais quand même pas m’arrêter en si bon chemin. Allons au moins jusqu’au cercle polaire (66° 33’ de latitude nord) qui n’est qu’à quelques dizaines de kilomètres histoire de pouvoir dire « je l’ai fait ! ». Sur le passage de la fameuse ligne imaginaire il souffle un vent... polaire et me voilà transit malgré ma veste en goretex high tech. Vite retourner dans la voiture et mettre le chauffage à fond. Bon, aller encore quelques kilomètres. Le paysage se fait de plus en plus désolé, les arbres sont rabougris, la toundra est rouge et les montagnes alentour sont nues. Il faudra bien s’arrêter. Mais c’est dûr, m'arrêter ici me laisse un goût d’inachevé malgré les paysages fantastiques déjà traversés J’aimerai aller jusqu’au bout, jusqu’à Inuvick et même jusqu’à Tuktpyaktuk sur la piste gelée. Juste pour voir, pour savoir comment fini cette route de l’impossible. Pour voir la fin du continent, l’Océan Arctique, les ours polaires. C’est avec un vrai pincement de cœur que je m’arrête après un dernier col. Mais pourquoi ici ? Pourquoi pas 10km plus loin ? Je me fais une raison en me disant que cette route de rêve se terminera en rêve. Fort McPherson et la traversée du McKenzie en bac resteront dans mon imaginaire, c’est peut-être pas plus mal comme ça. Cela dit, une fois rentré, j’ai bien l’intention de passer une ou deux soirées sur Google Earth à faire la fin de la route !

On pourrait croire qu’il est lassant de refaire le même chemin à l’envers. En fait, pour la Dempster, il n’en est rien. Les paysages sont nouveaux car ils apparaissent sous un autre angle et une autre lumière. Sur plus de 150km la route traverse des territoires appartenant aujourd’hui encore à des tribus autochtones. Les excités de la gâchette qui veulent chasser le caribou doivent d’ailleurs obtenir de leur part une autorisation expresse. Durant des millénaires des tribus ont habités ces immensités c’est à peine croyable. En fait depuis la dernière ère glacière l’endroit a été occupé en continu. Au début du 20ème siècle les chercheurs d’or et la police montée de l’époque (Dempster est le nom d’un des premiers officiers ayant patrouiller dans ces confins pour y faire régner la loi) n’ont eu comme seul recours pour trouver leur chemin que de faire appel ces indigènes qui leur ont servi de guide. Les panneaux explicatif raconte des histoires terrifiantes de patrouilles perdues et dont tous les membres sont mort de froid et d’épuisement en essayant de rejoindre Dawson depuis McPherson en 1903.

Je regrette toutefois de ne pas pouvoir assister au spectacle de la migration des caribous. Normalement, ceux-ci traversent pourtant la Dempster à cette période de l’année.

Le paysage avant l’arrivée au North Fork Pass est grisant. On dirait les hauts plateau tibétain. Les roads trains roulent comme des malades et je m’écarte désormais pour les laisser passer de peur qu’ils n’explosent mon pare-brise. La voiture pour l’instant est intact mais dans un état de saleté difficile à décrire, impossible de la rendre dans cet état.

Dans un prospectus je suis tombé sur un chiffre que j’ai trouvé incroyable : le nombre d’habitants du Yukon est de 32'000 (trente deux mille). Incroyable ! Le nombre d’habitant de la Tour Montparnasse répartit dans cet infini. Dawson compte un peu plus 1200 âmes et Whitehorse, la grande ville du Yukon 22'000 !

Voilà, après toutes ces émotions nuit au Downtown Hotel à Dawson que j’attends vers 20h, heure locale (19h heure d’Alaska avec laquelle je continue de vivre).




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mardi 26 août 2008

Mardi 26 août, Dawson – Eagle Plains [Demptser Hwy]

  • Regarder les dernières photos de la Dempster Hwy en diaporama et en full screen, sinon ça ne rend pas bien les paysages et le couleurs. Pour y accéder facilement, faire un diaporama dans Picasa, sur la première diapo puis revenir en arrière une par une. Appuyer sur la touche F11 pour un full screen. Enjoy!

Dawson est bien jolie, mais je ne vais pas rester toute la journée à poireauter ici, il y a mieux à faire dans le Yukon : il y a la Dempster Hwy, route mythique qui relie Dawson City à Inuvik dans l’arctique canadien. 736 km à travers la taïga des Yukon Territories et des Northern Territories. Route est d’ailleurs un bien grand mot, il s’agit plutôt d’un piste de terre battue construite de telle manière à être isolée du permafrost faute de quoi elle serait engloutie dans la terre en une saison. Rien qu’un ruban de terre au milieu du néant. Une route pure en quelque sorte. De quoi faire rêver. De quoi oublier aussi qu’il n’est sans doute pas très raisonnable de faire de faire 750km de piste à travers la taïga, sur laquelle l’hiver arrive à grand pas, avec un véhicule de ville et de surcroit avec un pneu rafistolé. Température prévue demain matin à Eagle Plains, à mis parcourt de la Demptser : -2C°... Mais l’appel du large est le plus fort, si je ne la fais pas aujourd’hui cette fichue route, je ne la ferais vraisemblablement jamais. La décision n’est pas donc pas si difficile et on paiera ce qu’il faut s’il le faut.

Les paysages sur les 250 premiers kilomètres sont tout simplement époustouflant de beauté sauvage. L'expression "jaw dropping" convient très bien. Mes calculs pour arriver pendant la période de l’été indien s'avèrent bon, les couleurs sont effectivement au rendez-vous. Les arbres feuillus prennent des teintes jaune-orange pétantes. Les buissons eux sont carrément rouge rouille. Au North Fork Pass (1300 m) la neige tombe et un peu plus haut elle saupoudre les flancs des montagnes. Par endroit, la nature est carrément oppressante de grandeur, on espère qu’elle va nous tolérer. J'espère que la petite bulle d'air tiède que constitue ma voiture va tenir le coup. Toutes les demie-heures je croise une voiture et à un rythme un peu plus soutenu, des véritables road-trains roulant à tombeau ouvert sur la Dempster. Evidemment, eux ils ont 50 pneus, ils peuvent se permettre d’en faire exploser un ou deux sur le trajet, quant à moi, il me faut tous les 4... Lorsque ces monstres toulant s’approchent, ils envoient une pluie de gravier et de cailloux sur le pare-brise qui crépite de manière inquiétante. Bon, si cette bagnole tient le coup et fait l’aller retour sans dommage il faudra que je fête ça. Peu de véhicules de ville circulent ici, bien que la dame, de l’agence d’accueil de la Dempster Hwy m’ai confirmé qu’un 4x4 n’était pas nécessaire. Je croise toutefois quelques autres téméraires en court de route et ça me rassure un peu. En réalité, la plus grande partie des 370 bornes jusqu’à Eagle Plain sont très bien maintenues. Mais à quelques endroits j’ai quand même des frayeurs. La route se transforme en piscine de boue. Surtout ne pas s’arrêter, sinon je ne sais pas si je pourrai repartir. J’accélère pour passer à travers les marres de boue et apprend à glisser pour essayer de rester dans les traces de la piste qui ne soient pas trop hyper-boueuses. La voiture est noire de saleté, je ne sais même plus de quelle couleur elle est à l’origine. Pour ouvrir et fermer les portes je prend un mouchoir tellement c’est sale. Faudra que je m’achète un de ces T-shirt vu à Dawson arborant «You are damn right I’m dirty ! I did the Demptser !»

Arrivé à Eagle Plains qui ressemble d’avantage à une station lunaire qu’à une bled, il me faut un peu de courage pour monter la tente sachant les frimas avenir mais le prix des chambres facilite quand même la décision... En plus, comme ça je serai fixé sur l’efficacité de mon sac de couchage Décathlon, garanti grand confort jusqu’à 0°C et moyen confort jusqu’à -5°C.

Et oui, dans ce trou perdu au milieu d'un océan de sapins il y a un WiFi gratuit :-)




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lundi 25 août 2008

Lundi 25 août, Chicken [Alaska] - Dawson [Canada, Yukon Territories]


Pour le pneu ça n’a pas l’air trop grave, en tout cas c’est réparable. Pour 10$. Soulagé (temporairement) je lui en donne 20! L’opération je l'avoue est assez spectaculaire. Après avoir repéré la fuite, le mec enfonce carrément un poinçon dans le pneu et agrandit le trou par lequel il fait passer un mince ruban de caoutchouc imbibé d’un liquide gluant. Il retire ensuite ce ruban à l’extérieur du pneu puis cisaille le morceau restant pour lisser la surface… Visiblement il n'en n'est pas à son coup d'essai. Bon, est ce que ça va tenir jusqu’à Dawson ? « I hope so ! » me répond le bonhomme. Et comment est la route ? « It is terrible, with lots of rocks ! » Voilà qui est rassurant. Enfin, je vais quand même pas rester coincé à Chicken Alaska, ça serait vraiment trop ridicule. Le trajet jusqu’à Dawson fait 110 miles. Avec des précautions infinies je m’engage sur la route qui jusqu’à la frontière canadienne est une vraie râpe à pneu. L’horreur. Stress en essayant d’éviter chaque petit caillou. C’est bien entendu impossible. Alors, après 30 miles j’y vais franco, sinon il me faudra une semaine… Météo exécrable, la pluie tombe et vers le col à la frontière USA-Canada se transforme en neige mouillée. Passé la frontière on remarque qu’on change de pays à quelques détails infimes. Un pays peut-être un peu plus civilisé. Première surprise, toutes les panneaux d’affichage sont bilingues, français anglais ! Ensuite les unités sont métriques avec des bons vieux kilomètres comme chez nous. La carte du GPS est enfin correcte et la route sur la carte ne passe pas 500 mètres à côté de la réalité comme en Alaska. Enfin, la route est véritablement entretenu et même sur de longs segments elle est asphaltée. Quel soulagement ! Me voilà sur la Top of The World Hwy, ainsi nommée car elle emprunte littéralement la crête des montagnes. Paysage de grosses collines de spruce trees et de feuillus qui se parent des couleurs automnales (rouge-vert-jaune). Une grande partie du trajet, je ne verrai rien car il y a du brouillard, espérons qu’au retour la visibilité sera meilleure. Pour arriver à Dawson, il faut emprunté un ferry antédiluvien et… gratuit ! Aujourd’hui il me faut une douche car les mouches commencent à me tourner autour… Je descends au Downtown Hôlel. Une douche et c’est reparti pour aller à la découverte de Dawson, baptisée dans les années 1900 de Paris du Nord. Et pour cause, c’était le centre névralgique de toute la ruée vers l’or, pendant 2 ans. Des photos d’époque montre les rues noires de monde. Mais Dawson, c’est avant tout une vraie ville, avec un vrai centre et des vraies maisons l’une à côté de l’autre et non pas séparées par 3 kilomètres de taïga comme dans les bleds alaskiens. De plus, quasiment toutes les habitations sont d’époque, avec leur look western traditionnel. La cabane de Jack London a été reconstituée avec les rondins authentiques de son habitation. Je me renseigne à l’office du tourisme sur ce qu’il y a à faire à Dawson car mon guide LP de l’Alaska ne dit rien sur ce lieu. L’autre question c’est qu’en est-il de la fameuse Dempster Hwy (merci Hugues !) On peut la faire en 2WD me fit la dame faut juste avoir des pneus en bon état… Ben, voyons. J’ai pas encore pris de décision, mais l’envie d’aller jusqu’au cercle polaire, à 400 km d’ici, me titille bien. On verra avec la météo.

Les caribous qui traverses par dizaines de milliers la route on effectué cette année la migration avec un mois et demi d'avance, car il fait très froid, m'informe la dame de l'agence d'info de la Dempster Hwy. Qui a dit que le climat n'est pas détraqué ?


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dimanche 24 août 2008

Dimanche 24 août 2008, Glennalen – Tok - Chicken


Bon, me voilà un peu stressé ce soir. Arrivé, une fois de plus, au bout du bout du monde dans une bourgade joliment nommée : Chicken, située à mis chemin entre Tok en Alaska et Dawson au Canada dans les Yukon Territories. Le soucy, c’est que l’un des pneus de ma voiture donne de sérieux signes de faiblesse… Par chance une âme charitable m’en a averti. Par chance et par opportunisme aussi, toutes ces routes comptent leur lot de réparateur de pneus ! Comme quoi, le malheur des uns... c'est l'une des facettes du capitalisme. Cela dit, pour le coup le capitalisme fait quand même bien les choses... Bon, donc va falloir réparer ça, sinon je ne verrais pas Dawson. Comme la Taylor Hwy et la Top of the World Hwy qui mènent à Dawson sont vraisemblablement (j’en suis pas sûr) sur la blacklist des routes interdites par Hertz, j’en serai pour ma pomme pour réparer ce fichu pneu… « Hey man, that’s part of the country ! » me lance le gars de la lodge en guise de consolation…

Celà dit, pour ce prix, j’ai quand même vu des paysages absolument bluffants. Des plaines de dizaines de kilomètres de profonds avec des 4000 en arrière plan. (Mt Sanford et Mt Blackburn) La totale ! Je m’arrête évidemment à tous les scenics spots. Je prends aussi la petit route/piste (c’est peut-être là que le pneu à rendu l’âme…) nommé Nabesna road, joliment décrite dans le Lonely Planet comme l’une des routes les plus isolée de l’Alaska. En effet, je confirme. Après une trentaine de miles, je suis contraint de m’arrêter, comme le ranger de la station d’entrée du parc m’en avait prévenu, car une puissant rivière traverse la route. Bon, je vais pas jouer les kamikazes quand même pour faire quelques jolies photos.

A la radio, rien ne passe, hormis une station religieuse. La vacuité du prêche me fait presque regretter le talk show ultra-libéral de l’ami Dan Vegan, au moins lui il a des idées…

Concernant la météo, ce qui est surprenant dans ce pays, c’est que le ciel peut parfaitement être couvert et la visibilité sous cette chape grise être excellente. Ce qui permet de jolies photos à condition de bien doser le contraste et la saturation des couleurs.

La route entre Tok et Chicken passe au milieu de forêts calcinées par des incendies récents. Le paysage est lugubre, mais les incendies font partie du cycle naturel ici et permettent à la forêt de se régénérer.

Bon, cette histoire de pneu me chiffonne, d’autant plus que pour la Dempster Hwy au nord de Dawson, ça semble assez compromis dans ces conditions. Rude pays quand même… Quand c’est pas les ours qui risquent de vous bouffer, c’est les pneus qui risque d’exploser.




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samedi 23 août 2008

Samedi 23 août, McCarthy – Kennicott – Glenallen

  • 2 posts aujourd'hui. Celui du 22 et celui du 23 aout.

La météo n’est pas très coopérative ce matin... Pliage de tente en quatrième vitesse, marche énergique usqu’à McCarthy et petit déjeuner dans le saloon ou je cherche refuge en attendant que ça la pluie cesse. Je papote avec la serveuse, une américain extravertie , bavarde et un peu "off beat". Elle vit ici toute l’année et me raconte l'envoutant spectacle des aurores boréales, l’hiver avec ses nuits glaciales, le silence et les quelques heures de lumières qui permettent de se souvenir de c'est qu'est le soleil. Nous parlons de la France aussi, de Poitiers qu’elle a visité il y a quelques temps. Elle admire le mode de vie européen car, me dit-t-elle, « ils ont une vie en dehors du travail ». J’essaie d’expliquer que, justement notre cher gouvernement, vient de mettre un terme aux 35 heures, mais je ne suis pas sûr que j'aie réussi à me faire comprendre.

Profitant d’une accalmie je monte avec un shuttle à Kenicott, qui est à 5 miles de McCarthy. En fait les deux villes (il y a 70 ans ces deux agglomérations méritaient ce titre) sont étroitement liées. Kenicott abritait la mine de cuivre la plus productive au monde dans les années 1908-1938. Le cuivre qui a permis l’électrification des USA au début du 20ème siècle vient d’ici. Mais une fois les filons épuisés, la ville a tout bonnement été abandonnée, en 1938. Actuellement la mine est classée monument d’intérêt historique et certains bâtiments sont réhabilités. Les photos d’époque montre une ville prospère et coquette, avec une jolie gare, des écoles, un cinéma, des restaurants et des hôtels... A comparer avec les photos que j’ai prises.

McCarthy au contraire était un lieu de repos, de fête, de beuverie etc... Une petite New Orleans, toute proportions gardée. Soixante dix ans plus tard, cette différence de caractère subsiste encore.

Bon c’est pas tout, mais il faut maintenant refaire en sens inverse l’horrible McCarthy Road. En fait le retour est moins stressant car j’ai plus confiance dans la robustesse de ma Ford Fusion que je pousse jusqu’à 35 miles/h. Mais aller au-delà, faut de ça serait s"envoler au-dessus des nid-de-poules et de la tôle ondulée.

Nuit au Dry Creek Campground au milieu de la forêt de spruce trees, près de Glenallen dont l’intérêt principal est d’offrir toutes les commodités commerciales avec en prime, une vue imprenable sur le Mt Wrangell.


Cliquer sur agrandir pour voir l'itinéraire (bug Google Map)

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Vendredi 22 août, Valdez – McCarthy


Il y a des endroits sur cette planète qui se méritent. McCarthy en fait assurément partie. Bourgade minuscule, véritable fossile vivant de l’époque de la ruée vers l’or, McCarthy est située à 3 heures de piste chaotique du plus proche village : Chitina. Trois heures de tôle ondulée, de nid-de-poule et de boue glissante.

Mon objectif de la journée était initialement d’avaler autant de kilomètres que possible en direction de la Mecque du Klondike : Dawson. Sur la Richardson Hwy, en venant de Valdez, je remarque deux choses qui m’avaient échappé à l’allé. La silhouette frêle du Trans Alaska Pipeline à travers la forêt et les arbres feuillys qui commencent déjà à se teinter de couleurs automnales dorées. Voilà qui devrait faire des jolies photos d’ici une dizaine de jours.

Seulement voilà, le Lonely Planet décrit un petit détour « scenic » hors des sentiers battus à partir de Cooper Center qui s’enfonce loin dans le Wrangell Saint Ellias National Park en direction d’une bourgade perdue et habitée par quelques marginaux farfelus, nommée McCarthy. Bon c’est risqué, car je sais que Hertz interdit strictement d’utiliser ma Ford Fusion sur des pistes non goudronnées et plus particulièrement sur celle-ci qui a la réputation de déglinguer les véhicules en moins de deux... Si je nique ma caisse, c’est 2000$ pour la faire ramener à Anchorage, reconnaissont que c’est quand même assez dissuasif. Je me dis allons voir les premiers miles, on verra bien.

Le début de la McCarthy Road est un fabuleux panorama sur les Chugach Mountains. C’est exactement l’Alaska qu’on rêve de voir, espaces sans limites, rivières tressées géantes, forêts sauvages, lumière clair-obscur magnifique et inquiétante en même temps. Pour finir l’appel du large est plus fort que l’inquiétude de bousiller ma caisse. J’y vais quand même ultra-molo, genre 20miles/h de moyenne, il me faudra environ 3 heures pour parcourir 60 miles de piste jusqu’à McCarthy. La route longe une ancienne ligne de chemin de fer construite au tournant du 20ème siècle, dans des conditions épouvantables, par des températures de -40°C. Les ponts en bois qui enjambent les eaux glacées et tumultueuses de rivières (dans lesquelles on n’a aucune envie de tomber) constituent de véritables prouesses d’ingénierie ferroviaire. La route actuelle en emprunte d’ailleurs plusieurs. Contrairement à l’architecture urbaines vide et morne des villes américaines contemporaines, ces ouvrages d’art possèdent une indéniable élégance rustique et s’insèrent à merveille dans ces paysages de confins du monde.

Enfin, me voici à McCarthy. Enfin presque ! Plus précisément, je suis au Glacier View Campground, une vague esquisse de camping au milieu du bush avec un WC pour 25 tentes... Pour rejoindre McCarthy, il faut laisser la voiture et continuer à pied pendant 45 minutes, les voitures n’accèdent pas à McCarthy ! Mais ne nous plaignons pas car c’est pas si souvent qu’on peu utiliser ses jambes de ce pays.

Le gars du camping m’informe qu’aujourd’hui est un bon jour pour arriver à McCarthy car dans la principale Lodge du village, se déroule une rencontre entre alaskiens qui participent à un concourt de racontage d’histoires (droles, farfelues, vraies ou inventées). L’ambiance au pub est super chaleureuse et pas un touriste ! Que des « locals », des vrais de vrais, barbus, avec des bottes et des chemises à carreaux qui se racontent des histoires de chasses extravagantes de grizzlis, de saumons et de motos. Je dois me contenter de bribes d’histoire car j’ai beaucoup de mal à suivre la trame des histoires à cause de l’accent, des expressions argotiques et des références à la culture locale qui m’échappent. Mais peu importe, l’ambiance est là. Ingurgitation d’un hamburger délicieux (c’est peu être pas très sain comme nourriture, mais reconnaissons que c’est exquis, surtout ici et après toutes ces émotions). Au bar, je papote avec mon volumineux voisin. En le voyant manger, c’est lui qui m’a donné l’idée de commander mon hamburger. Photographe professionnel, il me montre les photos d’animaux qu’il a faite dans les environs. Magnifiques ! Mes misérables photos d’ours à moitié floues font pâles figure à côté. Avant la tombée de la nuit, je rebrousse chemin, vaguement inquiet d’avoir à parcourir les deux kilomètres séparent McCarthy du parking une fois la nuit tombée. D’autant plus que les ours rodent par ici. L’un d’entre eux a été aperçu aux abords du camping il y a quelques minutes.

McCarthy :
"where the road ends and the adventure begins !"





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jeudi 21 août 2008

Jeudi 21 août, Valdez

  • A tous les lecteurs de ce blog : ne loupez surtout pas le commentaire fabuleux de Carlos publié en réponse au post du 20 août! L'ami Carlos notre meilleure plume sur le site du Café Philo des Phares !


La météo ce matin est sans appel : pluie et brouillard pour la journée. Ça a le mérite d’être clair.

Voilà bientôt deux semaines que je sillonne ce pays du bout du monde, c’est donc le moment d’en savoir un peu plus et justement ça tombe bien puisque Valdez possède une joli musée, qui présente l’histoire de l’Alaska, la dernière des 49 étoiles de l’Union. Très bien agencé avec un pragmatisme et une organisation logique et simple que nombre de musées parisiens seraient bien inspiré de prendre en exemple. Les grands sujets présentés sont: l’achat de l’Alaska aux Russes pour une bouchée de pain, la lutte de quelques politiciens idéalistes pour l’indépendance politique de l’Alaska, la ruée vers l’or à la fin du 19ème siècle, la découverte du pétrole à Prudoe Bay et la construction du Transalaska pipeline, le tremblement de terre qui en mars 1964 à englouti Valdez, la culture des peuples indigènes (Inupiats, Aléouts,...). Passé le reste de la journée à approfondir ces sujets dans le chapitre consacré à l’histoire de l’Alaska du Lonely Planet.

Ce que j’ai retenu en quelques dates.

-40'000 ans
Durant la dernière glaciation l'abaissement du niveau des océans crée un isthme entre la Sibérie et le continent américain. Les premières tribus d'origines asiatiques viennent d'établir en Alaska?

1741
Bering envoyé par l’empereur russe Pierre le Grand est le premier européen à mettre un pied sur le sol de l’Alaska.

1784
Des comptoirs commerciaux russes pour les commerces des fourrures sont établis. L’exterminations de la population autochtone aléoute. L’Alaska est alors un Far East russe sans loi où tout le monde égorge tout le monde pour quelques fourrures.

1867
Achat de l’Alaska à la Russie par les US sur l’initiative de Seward. A l’époque beaucoup ont décrié cet achat comme inutile et insensé (Seward’s Folly !). Pourtant Seward, seul et envers contre tous, resta persuadé toute sa vie que c’était là l’action la plus utile de son existence.

1898
Le début de la rué vers l’or fait suite au titre « GOLD, GOLD, GOLD, GOLD » paru à la une du Seatle Post Intelligencer. Le village de Valdez est alors un campus de tentes qui doit permettre aux pionniers chercheurs d’or fraichement débarqués de Californie d’attaquer la montée du Valdez Glacier. Beaucoup d'entre eux n’étant pas préparés aux rigueurs du climat et vraisemblablement même pas informé, paieront leur rêve de leur vie. Les images sont les mêmes que dans le célèbre film de Chaplin montrant une interminable procession humaine dans un paysage blanc et glacé. Très peu de ces pauvres bougres feront fortune. En revanche ceux qui tirent tout le bénéficie de cette véritable hystérie sont les commerçants restés bien au chaud à Valdez vendant vivres, ustensiles de toutes sortes à l’attention des aventuriers frigorifiés. Jack London célèbre écrivain populaire californien fit fortune grâce à ses récits réalistes et vivants inspiré par cette épopée à laquelle il participa directement. Ce bref évènement est une période fondatrice dans l’imaginaire américain, tout comme la conquête de l’Ouest, avec en figure de proue l’homme qui fait fortune à partir de rien que son audace et son intrépidité. Ou qui, s’il ne fait pas fortune, surmonte la pire des adversités pour poursuivre ses rêves de richesses.

Ces temps héroïques ont acquis pour l’éternité à l’Alaska la réputation de Last Frontier. Qualificatif que l’état conserve aujourd’hui encore comme nickname sur les plaques d’immatriculations.

1942
Bombardements japonais sur les Iles Aléoutiennes. En réponse et pour se protéger l’armée construit la base militaire de Whittier que j’ai visité il y a quelques jours. Construction de l’ALCAN (Alaska Hwy depuis le Canada), seul trait d’union terrestre avec les Lower 48.

1959
L’Alaska devient la 49ème étoile de l’Union (président Eisenhower) après un intense processus de lobbying de quelques politiciens locaux idéalistes. La constitution de l’état est, paraît il un exemple de clarté et de sobriété, on parle à son sujet de « framework ».

1964
Le plus important tremblement de terre de l’histoire américaine (9.2 sur l’échelle de Richter) engendre d’immense dégâts en Alaska et sur tout dans la Prince William Sound où Valdez est littéralement liquéfiée en quelques minutes. Pourtant l’esprit pionnier n’est pas mort et face au drame et à l’adversité les habitants font preuve d’un courage héroïque en reconstruisant leur ville 6km plus loin. Certain transportent carrément leur maison. Par sécurité les ruines de l’ancienne ville de Valdez sont brûlées. Pas de place pour la nostalgie en Alaska, c’est l’esprit de survie qui l’emporte. Aujourd’hui, il ne reste rien que quelques panneaux commémoratifs.

Ce qui me frappe c’est qu’après un tel désastre personne n’ai songé à construire en dur. Je veux dire en pierre. Non, ce sont toujours les mêmes maisons en bois, donnant à ces communautés dispersées d’Alaska un aspect toujours provisoire, une sorte de camping amélioré en quelque sorte. Ce non attachement au solide, au durable me semble révélateur d’un élément essentiel de la mentalité américaine : on construit pour vivre aujourd’hui, pas pour créer des monuments qui traverseront les siècles. C’est sans doute la même mentalité qui les incite à exploiter, sans trop de soucis pour l’avenir, les ressources naturelles de leur pays, que ce soit le pétrole, le bois, la chasse ou la pêche. Ici, le présent domine pour le meilleur et le pire.

1969
Découverte de gisements de pétrole gigantesques dans l’arctique. Après une procédure judiciaire complexe impliquant les compagnies pétrolières, les défenseurs de l’environnement et les indigènes, le Trans Alaska Pipeline de plus est construit entre Prudoe Bay et Valdez. Plus de 1000 km. Coût estimé à 8 milliards de dollars. Construit en 3 ans par 28'000 personnes travaillant jours et nuits. Premier baril de pétrole arrive à Valdez en 1977.

1989
Le super pétrolier Exxon Valdez échoue dans la Prince William Sound au large de Valdez. Plus grande catastrophe écologique de tous les temps. Une tâche de pétrole de 900km souille 2000km de côtes. 645'000 oiseaux meurent englués.

Il faut avoir vue la beauté de ces paysages et la vie sauvage qui l’habite pour imaginer l’horreur que représente le tas de merde visqueux de 900km déversé par les entrailles d’un pétrolier... Aujourd’hui encore, les dégâts ne sont pas tous réparés, même si pour une grande partie des espèces la vie a repris le dessus. Somme dépensée pour le nettoyage par Exxon : 1 milliard de dollars, que l’on comparera utilement au prix du Trans Alaska Pipeline... Les mesures de sécurité ont été améliorées depuis dit-on... Pourtant, de l’autre côté de la baie, par rapport à Valdez, on aperçoit une dizaine de citernes géantes pouvant contenir le volume de plusieurs Exxon Valdez. Et s’il y a avait un nouveau tremblement de terre ???

1980
A la fin de son mandat, Jimmy Carter sachant que Ronald Reagan lui succèdera, signe le Alaska National Interest Lands Conservation Act (ANILCA) qui subordonne la gestion d’une grande partie du territoire à l’état fédéral. D’un trait de plume il sauvegarde des millions de km2 de territoire sauvage et crée 10 parcs nationaux. A ce jour, cet acte politique est la source de tensions perpétuelles entre le gouvernement fédéral et les habitants qui considère que les traite comme des citoyens de seconde zone, incapable de se gouverner seuls, et ce un demi-siècle après avoir acquis le statut d’état. Pour beaucoup d’habitants, ici en Alaska, Washington fait figure de capitale étrangère, au même titre que Paris ou Londre. Les alaskiens sont un peu les Corses de USA !

Quelques chiffres encore :

Nombre d’habitants : 655’000
Age médian : 32 ans
Nombre de caribous : 900’000
Nombre d’habitants au mile carré : 1.1
Impôt sur le revenu pour l’état : zéro
Prime pétrole par habitant et par an : 1963$ en 2000, 845$ en 2005.

mercredi 20 août 2008

Mercredi 20 août, Grand View Lodge (Glenn Hwy) – Valdez

  • Les vidéos des ours sont en ligne ici, cependant la qualité des images n'est pas vraiment top...
  • J'ai rajouté en dessous du post d'hier la carte de l'itinéraire que j'avais oubliée
  • Les photos ont toutes été mises sur la carte, zoomer pour y voir clair ou cliquer sur les photos à gauche.

Grisaille au réveil sur la Glenn Hwy, mais le ciel se découvre à l’approche de Glennallen. La route, idéalement situé à mis hauteur sur le flanc de la vallée livre des échappées profondes de dizaines de kilomètres sur une toundra de sapins maigrichons et de lacs sombres. Soudain, au milieu de ce néant grandiose, une petite cabane fait office de café/bar et sert un expresso tout à fait acceptable au vu de l’endroit incongru.

Au loin, dans la ligne de mire de la route, on aperçois la chaine des Wrangell Moutains et ses pics blancs de plus de 4000m perdus dans des nuages cotonneux. Des petits villages perdus comme Copper Center témoignent encore de l’épopée de la ruée vers l’or dont on a fêté il y a une dizaine d’années le centième anniversaire. Quelques auberges historiques et relais ont été préservés ou restaurés. La Richardson Hwy en direction de Valdez s’enfonce dans des gorges sombres surplombées de glaciers gris et inquiétants. Arrivé à Valdez, toujours le même sentiment vague de déception une fois arrivé sur place après avoir contre mon gré immaginé une ville. La nature certes est spectaculaire, avec un véritable cirque de montagnes qui entoure la ville, mais celle-ci, à part quelques échoppes, bar et galeries d’art sur Harbour Str, n’est qu’un vaste parking sans âmes qui vive, avec ses sempiternelles stations services, ses RV-camp, son Subway et son mall. Comme la plupart des villes américaines en somme.

Valdez n'est pas véritablement un haut lieu touristique mais est plus connus comme le terminual du fameux oléoduc qui court depuis Prudhoe Bay dans l'arctique alaskien jusqu'à ce port où des supertankers emportent le précieux liquide (pour combien de temps encore ?) vers les mégapoles des lower forty eight comme on dit ici. C'est ici aussi qu'a eu lieu il y a bientôt 20 ans la plus grande catastrophe écologique qu'ai connue l'Amérique, celle de l'Exxon Valdez, tout ça à cause d'un capitaine qui était bourré...




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mardi 19 août 2008

Tuesday, August 19, Talkeetna – Mt McKinley – Hatcher Pass – Grand View Lodge (Glenn Hwy)


Ok, especially for those folks not fluent in French, I’ll try to make this post in English, hopefully that will trigger a few more comments from your side...

Do you remember I decided yesterday that the weather will be fine today ? Guess what, it actually was ! The clearest skies in over two months according to the pilot that flew us (me and an Indian couple) around the big mighty McKinley in a small 6 seats airplane. To really describe that view would deserve being a genuine writer or poet, which I am definitely not, even in French... This mountain is awesome. It rises above just everything 50 miles around. No picture will ever render this impression of massiveness. To give you an idea, just imagine looking at the Alps or the Pyrenees. Well that gives you an idea of the forefront of the scenery. Now imagine Mt McKinley behind and above this stretch of peaks and about twice taller. Above there, no living creature survives, it is a purely mineral world of blue ice, eternal snow and rocks. Although we are told grizzly bears hibernate for the winter in a hole just above tree line. For now they are enjoying summer and are berry picking, which kind of makes them dangerous because they like to feed in peace not disturbed by noisy photograph bugs.

Every body was in good mood this morning in the plane. Even the pilot which absolutely wanted me to remind him of the name of this nice little brasserie he went to, in Paris on Place du Trocadero where he had a glass of Bordeaux and a piece of baguette last March... Everybody asks me about how it is to leave in Paris etc, etc... I can’t escape thinking about all those folks I know, who live just a couple of miles away from Paris and actually never enjoy it...

Well, but back to the Last Frontier. I shall male no further attempt describing the views of McKinley and the surrounding tundra, just look at the pictures an scale it by a factor 1000 in your mind.

Somehow I leave Talkeetna with regret, because it is such a lovely place. But I got to go. On the road again !

Initially I intended to drive to Glennallen at the end of the Glenn Hwy. Following the expert advices of my favorite Lonely Planet guide, I went up the Hatcher Pass to see the ruins of Independence Gold Mine. By the time I get there, the whether has become cloudy again, still emphasizing the sad/romantic setting of the place. I try hard to imagine the place bustling with activity from ambitious and eager people. As any other ruin, these carry the same wisdom message, from dust to dust, from ashes to ashes, that’s how everything eventually ends.

On the way I listen once more to the Dan Vegan ultra conservative talk show on the radio. The same obsession come on over and over again. We pay to much tax. The government is a bunch of liars only committed to themselves and not to Alaskans. The there is the anti abortion obsession. There is the anti Al Gore and environmentalist obsession. And the anti-Obama obsession which is bluntly described as a Marxist Leninist leader, etc...

After a while I get sick and tired of all this repetitive and politically oriented talking. Though I must recognize that underneath these conservative propaganda lie some true positive values that certainly made the greatness of this country. Love for self reliance, for independence, for courage and hard work. Million of light years away from the French ideal of “l’état providence” (sorry I don’t know how to properly translate that).

The two main local political issues are concerned with mining industry and with hunting rules. As far as I understand stronger regulations are to be applied on mining companies to prevent mercury pollution of the sea which would also threaten thousands of fisherman jobs. As far as hunting is concerned a new law must be voted to prohibit hunting from airplanes!

Time is getting short and I realize I won’t make it tonight to Glennalen. That’s mainly due to the fact that the Glennallen Hwy is just breathtaking (jaw dropping according to LP) and can’t be reasonable and NOT stop at each and every scenic lookout! The Glenn Hwy is running most of the time above huge flood plains, allowing for fantastic vistas on deep forests, snowy mountains and gigantic glaciers. So I decided to stop at Grand View Lodge, but as fares for a room are prohibitive I decided to pitch my small tent. After all I had comfort yesterday.




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lundi 18 août 2008

Lundi 18 août, Cooper Landing - Whittier - Talkeetna


Une fois n’est pas coutume je suis effectivement arrivé quelque part ce soir ! Si, si dans un vrai village avec un centre, des petits pubs sympas et même une gare. Un peu Disneyland mais joli et agréable après tant de bleds dilués et évanescents. Talkeetna a en fait gardé tout son charme de village des chercheurs d’or du début du 20ème siècle. Bon aujourd’hui j’ai besoin d’une bonne douche chaude, je m’offre le luxe inouï d’un chambre dans une petite lodge rustique, Le Latitude 62 Motel. Me voilà tout ragaillardi ! Je m’informe pour les vols en direction du Mt McKinley qui constitue ici une petite industrie, il semble qu’il y a le choix, le tout c’est de trouver un petit avion.

Sinon, le reste de la journée a été consacrée pour l’essentiel à du bouffage de kilomètre, assez ennuyeux de Palmer jusqu’à Talkeetna. Mais très intéressant dans la région de Portage Glacier au sud d’Anchorage, juste avant Whittier. Deux mots sur Whittier. Il n’y a sans doute pas d’endroit plus bout-du-mondesque sur la planète que Whittier. En fait il s’agit d’une base militaire secrète construite durant la seconde guerre après l’attaque japonaise sur les îles aléoutiennes. L’armée US a donc recherché en endroit aussi inaccessible que possible, où les atterissages sont littéralement impossibles et qui soit masqué en permanence par les nuages pour des raisons de sécurité. Eh bien Whittier, sur la Prince William Sound répondait parfaitement à ces critères. Depuis très récemment un tunnel claustrophobique à une voie relie Whittier au reste du monde par la route pour la modique somme de 12$. Toutes les demies heures le trafic change de direction. Le port de plaisance comprend quelques baraquements colorés disséminés au milieu d’une vague gare de triage et d’entrepôts ou s’entassent des conteneurs qui rouillent lentement. D’innombrables engins de chantiers parsèment toute la ville que domine un gigantesque blockhaus en ruine... L’endroit de rêve pour passer ses vacances. quoi... Franchement, je ne sais pas comment les habitants font pour survivre en hiver dans cet enfer de grisaille, de rouille, de pluie et d’obscurité. Alors Whittier votre prochaine destination de vacances ?

Plus au nord vers Palmer la Old Glenn Hwy offres quelques belles échappées sur de vastes pleines alluviales.

Initialement j'avais prévu de m'arrêter à Palmer pour décider demain, selon la météo, de la route à prendre : soit la Glenn Hwy en direction de Glenallen puis Valdez, soit Talkeetna pour faire un tour en avion autour du Mt McKinley. Je joue le tout pour le tout et décide que demain il fera beau...




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