samedi 23 août 2008

Vendredi 22 août, Valdez – McCarthy


Il y a des endroits sur cette planète qui se méritent. McCarthy en fait assurément partie. Bourgade minuscule, véritable fossile vivant de l’époque de la ruée vers l’or, McCarthy est située à 3 heures de piste chaotique du plus proche village : Chitina. Trois heures de tôle ondulée, de nid-de-poule et de boue glissante.

Mon objectif de la journée était initialement d’avaler autant de kilomètres que possible en direction de la Mecque du Klondike : Dawson. Sur la Richardson Hwy, en venant de Valdez, je remarque deux choses qui m’avaient échappé à l’allé. La silhouette frêle du Trans Alaska Pipeline à travers la forêt et les arbres feuillys qui commencent déjà à se teinter de couleurs automnales dorées. Voilà qui devrait faire des jolies photos d’ici une dizaine de jours.

Seulement voilà, le Lonely Planet décrit un petit détour « scenic » hors des sentiers battus à partir de Cooper Center qui s’enfonce loin dans le Wrangell Saint Ellias National Park en direction d’une bourgade perdue et habitée par quelques marginaux farfelus, nommée McCarthy. Bon c’est risqué, car je sais que Hertz interdit strictement d’utiliser ma Ford Fusion sur des pistes non goudronnées et plus particulièrement sur celle-ci qui a la réputation de déglinguer les véhicules en moins de deux... Si je nique ma caisse, c’est 2000$ pour la faire ramener à Anchorage, reconnaissont que c’est quand même assez dissuasif. Je me dis allons voir les premiers miles, on verra bien.

Le début de la McCarthy Road est un fabuleux panorama sur les Chugach Mountains. C’est exactement l’Alaska qu’on rêve de voir, espaces sans limites, rivières tressées géantes, forêts sauvages, lumière clair-obscur magnifique et inquiétante en même temps. Pour finir l’appel du large est plus fort que l’inquiétude de bousiller ma caisse. J’y vais quand même ultra-molo, genre 20miles/h de moyenne, il me faudra environ 3 heures pour parcourir 60 miles de piste jusqu’à McCarthy. La route longe une ancienne ligne de chemin de fer construite au tournant du 20ème siècle, dans des conditions épouvantables, par des températures de -40°C. Les ponts en bois qui enjambent les eaux glacées et tumultueuses de rivières (dans lesquelles on n’a aucune envie de tomber) constituent de véritables prouesses d’ingénierie ferroviaire. La route actuelle en emprunte d’ailleurs plusieurs. Contrairement à l’architecture urbaines vide et morne des villes américaines contemporaines, ces ouvrages d’art possèdent une indéniable élégance rustique et s’insèrent à merveille dans ces paysages de confins du monde.

Enfin, me voici à McCarthy. Enfin presque ! Plus précisément, je suis au Glacier View Campground, une vague esquisse de camping au milieu du bush avec un WC pour 25 tentes... Pour rejoindre McCarthy, il faut laisser la voiture et continuer à pied pendant 45 minutes, les voitures n’accèdent pas à McCarthy ! Mais ne nous plaignons pas car c’est pas si souvent qu’on peu utiliser ses jambes de ce pays.

Le gars du camping m’informe qu’aujourd’hui est un bon jour pour arriver à McCarthy car dans la principale Lodge du village, se déroule une rencontre entre alaskiens qui participent à un concourt de racontage d’histoires (droles, farfelues, vraies ou inventées). L’ambiance au pub est super chaleureuse et pas un touriste ! Que des « locals », des vrais de vrais, barbus, avec des bottes et des chemises à carreaux qui se racontent des histoires de chasses extravagantes de grizzlis, de saumons et de motos. Je dois me contenter de bribes d’histoire car j’ai beaucoup de mal à suivre la trame des histoires à cause de l’accent, des expressions argotiques et des références à la culture locale qui m’échappent. Mais peu importe, l’ambiance est là. Ingurgitation d’un hamburger délicieux (c’est peu être pas très sain comme nourriture, mais reconnaissons que c’est exquis, surtout ici et après toutes ces émotions). Au bar, je papote avec mon volumineux voisin. En le voyant manger, c’est lui qui m’a donné l’idée de commander mon hamburger. Photographe professionnel, il me montre les photos d’animaux qu’il a faite dans les environs. Magnifiques ! Mes misérables photos d’ours à moitié floues font pâles figure à côté. Avant la tombée de la nuit, je rebrousse chemin, vaguement inquiet d’avoir à parcourir les deux kilomètres séparent McCarthy du parking une fois la nuit tombée. D’autant plus que les ours rodent par ici. L’un d’entre eux a été aperçu aux abords du camping il y a quelques minutes.

McCarthy :
"where the road ends and the adventure begins !"





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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Marrant : je me souviens que l'oncle Picsou aimait à raconter ses histoires de jeune chercheur d'or dans le Klondike, mais je n'avais jamais su qu'il s'agissait d'une région de l'Alaska.
http://fr.wikipedia.org/wiki/L'Empereur_du_Klondike

Tout se recoupe ;-)

Bonne route à toi !
jb