jeudi 14 août 2008

Mercredi 13 août, Sterling-Homer


Toujours le même ciel bas et le même petit crachin glacial, ça commence à bien faire... Par beau temps, les environs de Sterling sont pourtant sensés être un paradis pour la rando et la pêche (saumon) dans un inextricable réseau de lacs et de rivières poissonneuses. Peut-être que sur le chemin du retour la météo sera plus coopérative.

Cap sur Homer à l’extrémité de la péninsule de Kénaï. La route n’offre pas grand chose à voir en terme de paysage faute de visibilité sur le Cook Inlet.

Arrêt pittoresque dans le hameau de Ninilchik, l'une des plus anciennes communautés d’Alaska, habitée depuis 1820 du temps ou les russes occupaient encore ces contrées rattachées à la Russie avec que celles-ci ne soient vendues pour une bouchée de pain aux américains. Une authentique église orthodoxe en bois, fort bien entretenue témoigne de ce passé des pionniers. Les maisons, toutes construites en bois sont dans des états d’abandon variable, tout comme les pickup-trucks qui rouillent tranquillement dans les jardins envahis de hautes herbes. Tout ceci contribue à faire de Ninilchick un authentique bout du monde. Un peu tristounet avouons le.

Le long de la Sterling Hwy, l’habitat est infiniment dispersé, encore plus qu’en Irlande. Il faut dire que l’espace ici n’est pas une denrée rare. Le sentiment d’exaspération qui saisit tout européen normalement constitué dans une ville américaine impossible à visiter à pied est ici décuplé. Pour aller de la boulangerie du coin à la poste il faut faire 5 miles ! La civilisation de la bagnole et plus généralement du pétrole prend ici tout sa dimension et même tout sa démesure. En Alaska les moteurs sont rois ! Ceux des hydravions privés, des hors-bord, des semi-remorques à dix essieux, des water-taxi qui permettent de rejoindre la myriade de communauté isolées, des motos des neiges, etc, etc...

Si j’en juge par les émissions de la radio que j’écoute toute la journée, l’Alaskien est très fier de sont état (The Last Frontier) et aime la nature. Pour autant, il n’est pas écolo pour un sou. Les écologistes sont ici ridiculisés comme des citadins ramollis qui militent pour des causes aussi débiles que la sauvegarde des moustiques... Des auditeurs appellent pour expliquer avec avec conviction et ingénuité que les écologistes devraient être punis pour tous les emplois qu’ils contribuent à supprimer en empêchant de nouveaux forages pétroliers dans le Grand Nord de l’Alaska. Al Gore et les « environementalists » sont conspués à longueur d’émission, tout comme Obama l’ami des russes et des iraniens... Les deux grandes obsessions semblent être les impôts (chaque centime dépensé doit être justifié sauf ceux consacré à la guerre en Irak)... et le gouvernement fédéral, toujours suspecté de vouloir restreindre la liberté de ces pauvres citoyens d’Alaska, derniers gardiens des vraies valeurs conservatrices américaines. Par certains côté leur optimisme et leur confiance en eux a quelque chose de revigorant. Beaucoup d’auditeurs appellent pour dire que la crise énergétique c’est l’Amérique qui va la résoudre (« I think America is going to solve this energy crisis, we just need more funding for research » ), « on a les meilleurs chercheurs du monde et on commence déjà à avoir des solutions grâces aux cervelles du MIT qui concoctent des piles à combustibles et des panneaux solaires ultra-efficaces etc... ». Ils n’ont aucun doute quand à leur capacité d’innover et de trouver des solutions à tout. Mais règle numéro un : ne compter sur personne d’autre que soi-même (ç-a-d la technologie américaine) ! On le voit, la mentalité sous ces latitudes septentrionales (mélange d’optimisme, de confiance en soi, de naïveté, d'arrogance et d’ignorance du monde) est à un milliard d’année lumière de l’état providence à la française. Ça contribue au dépaysement. N’empêche que pour ce qui est de la politique leur vision du monde est un peu... rustique dirons-nous, j’aurais sans doute du mal à m’y faire.

Homer est une ville d’artistes et de hippies avec pleins de galeries d’art et de coffee shops sophistiqués. Double expresso et cookie au « je ne sais pas quoi » pour les 4 heures. Delicious ! Ville un peu branchouille et un peu snob qui plairait sans doute à notre ami Guillaume...

Une langue de sable, le Homer Spit s’enfonce dans l’océan et abrite restos, pubs et agences de water taxi et de taxi des airs. Le panorama sur la péninsule de Kénai est à la fois grandiose et sinistre avec tous ces glaciers qui descendent dans la mer. Diner dans une pizzeria tout a fait convenable avec authentique pizza au feu de bois ! Un parfum d’hédonisme, d'idéalisme et de marginalité flotte dans l’air de Homer. Ca fait du bien.

Les photos sur la carte.




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1 commentaire:

Anonyme a dit…

Au sujet des ours, même si l'été est propice aux nouvelles rencontres, méfie-toi quand même...
Bien à toi,